
Contrairement à une opinion parfois répandue, Marx n’a pas délaissé les questions du racisme et du colonialisme dans son entreprise intellectuelle. C’est même avec une plume acerbe qu’il s’y est opposé. De l’esclavagisme au nazisme, en passant par le colonialisme, les classes dominantes ont utilisé le racisme pour diviser la classe ouvrière et justifier les guerres. Deux cents ans après sa naissance, repartir des thèses de Marx offre-t-il un cadre d’analyse pour mieux comprendre l’origine du racisme et son lien avec le capitalisme, et pour trouver les moyens de le combattre ? Luttes de classes et antiracisme sont-ils, en somme, compatibles ?
Aujourd’hui, pour certains dans la gauche, l’antiracisme serait une question secondaire, la seule contradiction fondamentale serait sociale, entre Capital et Travail. Pour d’autres, Marx n’a jamais abordé la question du racisme et n’offre pas de cadre d’analyse pertinent pour aborder cette question. Or, deux cents ans après sa naissance, retourner à Marx et aux débats et combats qu’il a inspirés aux 19e et 20e siècles permet au contraire, à notre sens, de clarifier des enjeux majeurs actuels.